L’ataxie de Friedreich est une maladie pour l’essentiel neurologique, évolutive, rare,  génétique, liée à un dysfonctionnement mitochondrial. Elle a été décrite pour la première fois en 1881 par le neurologue allemand Nicolaus Friedreich.
  • Une maladie neurologique : une ataxie est une incoordination des mouvements volontaires dans le temps et dans l’espace par atteinte du cervelet et des voies de la sensibilité profonde.
  • Une maladie rare : l’Ataxie de Friedreich touche environ 1500 personnes en France.
  • Une maladie génétique : la transmission de l’ataxie de Friedreich est autosomique récessive. C’est donc une maladie génétique et héréditaire.

Comment se manifeste la maladie ?

Elle débute le plus souvent avant 25 ans, au cours de l’enfance ou de l’adolescence, mais un début plus tardif est possible.

L’évolution est progressive, variable d’une personne à l’autre y compris au sein d’une même fratrie si d’autres sont atteints.

Premiers signes

Ataxie cérébelleuse et sensitive, l’ataxie de Friedreich provoque des troubles progressifs de l’équilibre et de la coordination des mouvements entraînant :

  • Une marche de plus en plus difficile, pseudo-ébrieuse, voire des chutes,
  • Des gestes de plus en plus maladroits,
  • Une écriture qui se dégrade,
  • Une grande fatigabilité.

Autres signes de survenue très variable selon chaque personne et dans le temps

  • Une dysarthrie (élocution) d’évolution lente  (90 %),
  • Une atteinte cardiaque (60 %), surtout chez les jeunes, parfois inaugurale,
  • Une scoliose importante à l’adolescence (70%), parfois inaugurale,
  • Des pieds plus ou moins creux (58%),
  • Un risque plus élevé de diabète insulinodépendant (30 %),
  • Une spasticité (raideur musculaire involontaire),
  • Une baisse d’acuité visuelle (30 %),
  • Une baisse d’acuité auditive (30%),
  • Des troubles vésico-sphinctériens (40%),
  • Un syndrome d’apnée du sommeil (20%),

  • Chaque malade est unique.
  • Les capacités intellectuelles sont intactes.
  • Il est rare qu’une personne soit touchée par l’ensemble de ces complications.
  • L'évolution de la maladie est lente, progressive et différente selon chaque personne; chacun la vit différemment selon sa personnalité et son environnement..
  • Une prise en charge précoce, symptomatique et pluridisciplinaire est importante pour ralentir l’évolution et éviter certaines complications.

À quoi est-elle due ?

L’ataxie de Friedreich est due à un dysfonctionnement mitochondrial. Celui-ci entraine des troubles essentiellement au niveau neurologique, et chez certaines personnes des atteintes cardiaques ou d’autres organes. 

Maladie pour l'essentiel neurologique

L’atteinte neurologique de l’ataxie de Friedreich touche le cervelet et les voies sensitives profondes. Le cervelet est un relais de transmission entre le cerveau et le corps. Il contrôle l’équilibre, coordonne le tonus postural et les mouvements volontaires grâce aux informations qu’il centralise sur la position du corps dans l’espace, ceci en recueillant les informations données sur la posture, les mouvements, …, via les voies sensitives profondes. Il joue un grand rôle dans l’adaptation des postures et dans l’exécution des mouvements volontaires.

Maladie génétique

  • L’homme : il est constitué de milliards de cellules, réunies en 200 types de tissus environ qui constituent les appareils ou systèmes (nerveux, musculaires, etc.) du corps humain.
  • La cellule : chaque cellule contient un noyau et différents organites, par exemple les mitochondries. Le noyau contient la plus grande part du patrimoine génétique (génome nucléaire). Toutes les cellules renferment dans leur noyau le même programme génétique, mais leur expression est différente selon le tissu auquel elles appartiennent. Une autre partie du patrimoine génétique provenant de la mère est localisée dans les mitochondries.
  • Les chromosomes : dans le noyau, il y a 23 paires de chromosomes. Chaque chromosome est formé de molécules d’ADN, Acide Désoxyribonucléique, parmi lesquelles les gènes qui ne représentent que 25 %. On a répertorié actuellement 24194 gènes dans l’espèce humaine et on connaît 99,5 % du génome humain depuis 2004.
  • L’ADN :  il contient donc tout notre patrimoine génétique. La molécule d’ADN est faite de 2 fils ou brins en hélices (Watson et Crick, prix Nobel 1953). C’est une molécule chimique constituée de 4 bases (Adénine, Thymine, Guanine, Cytosine), de sucres et de phosphates.
  • Le gène : c’est un segment de la molécule d’ADN codant pour des protéines. Il est constitué d’une succession précise de ces quatre bases, regroupées par séquences de trois, appelés codons ou triplets. Le gène est formé d’introns et d’exons.
  • L’ARN (Acide Ribo Nucléique): c’est le messager envoyé par le gène codant pour fabriquer une protéine ou des protéines faites d’acides aminés ; on parle aussi de transcription.

Cellule, noyau, mitochondries

  • Dans chaque cellule, il y a des informations génétiques (c’est-à-dire héritées des parents), sous la forme de molécules appelées ADN, qui sont contenues dans le noyau et dans les mitochondries.
  • Les mitochondries permettent la production d’énergie grâce au processus de respiration cellulaire.
  • Le noyau est entouré d’une membrane possédant des pores (le noyau communique avec le reste de la cellule) et renferme la plus grande part de l’information dite « génétique » (environ 100 000 gènes) sous la forme de filaments d’ADN organisés de façon à contenir cette information. L’unité d’information est appelée « gène », et un ensemble de filaments d’ADN constitue un chromosome.
La copie d’un gène peut sortir du noyau (au travers de pores dans la membrane entourant le noyau) sous la forme d’un ARN. Cet ARN, une fois transporté à l’extérieur du noyau, sert à construire, par transcription, le plus souvent une protéine qui est en quelque sorte l’ouvrier de la cellule : elle participe aux réactions chimiques intracellulaires évoquées précédemment. Une part de ce processus intervient dans les mitochondries cette fois à partir des gènes constitués par l’ADN mitochondrial.

Que se passe-t-il dans l’ataxie de Friedreich ?

  • Le gène :  Le gène défectueux est situé sur la paire de chromosomes n°9. Il a été découvert en 1996 par les équipes du Pr Koënig et du Pr Pandolfo. L’ataxie de Friedreich est la conséquence d’une répétition anormale (expansion) de triplets GAA, dans le gène atteint ; la fonction de ce gène est de délivrer l’information, sous forme d’un code, permettant de fabriquer une protéine qui se localise finalement dans les mitochondries, nommée “frataxine”. Dans l’AF, la frataxine est fabriquée en trop faible quantité.
  • La frataxine : Chaque cellule contient des mitochondries en nombre variable. Les mitochondries sont des organites intracellulaires indispensables au bon fonctionnement cellulaire. Ce sont elles qui chauffent le corps en « brulant » les produits dérivés des aliments. Elles sont aussi le lieu de la production la plus importante d’Adénosine TriPhosphate (ATP), le “carburant” énergétique des cellules, et fabriquent 90% de l’énergie cellulaire dont l’organisme a besoin : on pense, on bouge, on respire, on consomme de l’ATP.
    Dans l’ataxie de Friedreich, il y a déficit de production d’une protéine mitochondriale, la frataxine, provoquant dans certains organes un dysfonctionnement mitochondrial, limitant les assemblages fer-soufre avec accumulation intra-mitochondriale de fer. Cela induit la production de produits toxiques dérivés de l’oxygène appelés radicaux libres, « oxydant la cellule qui rouille et meurt ». D’où la première idée d’essayer des antioxydants, en particulier une quinone, l’idebenone, proche du coenzyme Q10, pour tenter de diminuer ces radicaux libres ; les résultats sont toujours discutés et semblent individuels. D’autres pistes sont en cours d’étude.
    L’ataxie de Friedreich  fait donc partie des nombreuses maladies mitochondriales dues à des mutations génétiques.

Comment affirmer le diagnostic ?

Depuis 1997, on peut affirmer le diagnostic par un test de biologie moléculaire réalisé sur prise de sang. Ce test ne peut être pratiqué que dans un Centre Hospitalier Universitaire, par un généticien en coordination avec un neurologue, et souvent avec un psychologue. Le résultat ne doit être donné que dans le cadre d’une consultation. La famille peut bénéficier d’une consultation dans un service de génétique pour répondre à ses divers questionnements. Vous souhaitez savoir pourquoi et où pratiquer un test génétique ? Consultez notre rubrique Effectuer un test génétique

  • La connaissance des mécanismes de la maladie et de ses répercussions a beaucoup progressé mais elle doit encore être affinée. C’est pourquoi il y a toujours des études sur « l’histoire naturelle de la maladie » pour mieux la comprendre, et des travaux en recherche fondamentale pour disséquer la biochimie intracellulaire (processus chimiques biologiques).
  • Mieux comprendre les mécanismes de la maladie débouche sur des pistes de thérapie.
  • Plusieurs essais cliniques de molécules font entrevoir des thérapies dès 2024.
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